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Paul Didier, le seul qui a dit non.

Né en 1889, il entre dans la Magistrature en 1919. A partir de 1922, il exerce ses fonctions à la Chancellerie où il devient Chef de Bureau.

En 1937, il réorganise les services du bureau de la Naturalisation pour le rendre plus efficace et plus rapide (à partir de 1935, les demandes affluent, près de 70 000 par an).
Mettant trop de zèle à faciliter les naturalisations, dès septembre 1940 (moins de 2 mois après les pleins pouvoirs de Pétain), il est "muté" au Tribunal de la Seine.

Par l'acte constitutionnel n°9 du 14 Août 1941, les magistrats ont obligation de prêter serment de fidélité au Chef de l'Etat, le Maréchal Pétain.
Le 2 septembre 1941, en audience, il refuse solennellement de prêter ce serment. Il est révoqué immédiatement par le Garde des Sceaux (Joseph Barthelemy) puis est arrêté, puis interné au camp de Chateaubriand, sur l'ordre du ministre de l'intérieur (Pierre Pucheu).
Il échappe de peu à l'exécution lors de l'exécution des 27 otages dits de Chateaubriant le 22 octobre.

Il est libéré, assigné à résidence dans l'Aude. Il s'y soustrait et entre dans la Résistance. À la Libération, il est vice-président du Comité de Libération de Moux.

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En septembre 1961, un hommage solennel lui fut rendu par l'avocat Lambert, lui aussi révoqué sous Vichy :


"Messieurs, nous devons nous recueillir avec une ferveur particulière, car nous allons évoquer la mémoire d'un magistrat qui fut, comme naguère un écrivain célèbre, "un moment de la conscience humaine". Septembre 1941 ! il y a vingt ans ! Notre pays au fond de l'abîme. La presse de Paris, contrôlée par l'ennemi, annonçait ce jour-là que, sur une place de notre capitale, une musique militaire (dont point n'était besoin de préciser la nationalité) jouerait un hymne à la gloire de la Germanie victorieuse.

Mais dans cette atmosphère, dans ce climat, ces mêmes feuilles ne pouvaient cependant dissimuler que, la veille, venait de s'accomplir un des hauts faits de l'histoire de la magistrature française : le Président Paul Didier, à cette époque Juge au Tribunal de la Seine, avait refusé le serment imposé par "l'Ordre nouveau". Le lendemain, il était arrêté et devait être bientôt dirigé sur ce camp d'internement de Châteaubriant qui a laissé de si dramatiques souvenirs.

Peu de temps avant la rentrée judiciaire de 1941, les juristes de la Résistance avertis de la prochaine obligation du serment, avaient sollicité les instructions de ceux qui dirigeaient la lutte clandestine. devait-on répondre par des démissions massives ? laisser se démasquer ceux qui étaient déjà engagés dans l'action secrète contre l'occupant ?

Gardez vous en bien, fut-il répondu, mais il serait bon, néanmoins, que l'un de vous assumât cette forme de résistance ouverte. C'est alors que Paul Didier décida que, conforté par la rigueur de ses convictions, s'il devait n'y en avoir qu'un, "il serait celui-là". Messieurs, le souvenir du Président Didier nous a conduit à rappeler une des périodes les plus sombres de notre histoire, mais qui fut fertile en actes de courage de d'abnégation. Le geste de Paul Didier fut l'un d'eux"

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